Avant d'avoir ma fille, je n'avais qu'une idée vague de ce qu'était l'allaitement. Je me disais d'une part que, puisque c'était naturel, ça ne devait pas être bien compliqué. D'autre part, ma soeur n'ayant pas réussi à allaiter alors qu'elle le souhaitait, je doutais malgré tout d'en être capable.
La vérité m'est tombée dessus rapidement : allaiter est certes naturel, mais ce n'est pas évident pour diverses raisons. Je vais essayer de vous partager ce que j'ai appris, et que j'aurais souhaité savoir dès le départ.
Au début tout d'abord, il y a la douleur.- - -
Il paraît que nous ne sommes pas toutes égales sur ce point. Personnellement, j'ai souffert trois bonnes semaines, avec les tétons à vif, des saignements... MAIS et ceci est important, cela ne dure pas. Après ces trois semaines, je n'ai plus jamais eu ce problème.
(je reviendrai dans d'autres articles, en détail, sur les solutions aux différentes difficultés rencontrées)
Ensuite, j'avais un bébé sangsue. - - -
Ma fille tétait quasiment en permanence, avec des pauses de seulement 5 à 15 minutes (hormis sa grosse sieste de 4 heures dans la journée et sa nuit). Dans ces conditions, allez prendre une douche, vous rendre aux toilettes ou simplement vous nourrir, sans parler de faire une lessive ou un minimum de ménage. C'était l'horreur.
Toutefois, d'après mes échanges avec d'autres mamans, j'avais un bébé exceptionnel de ce côté, donc ne paniquez pas. De nombreux bébés sont assez réguliers et laissent passer plusieurs heures entre les tétées.
Cela aussi, c'est passé. Entre 7 et 8 semaines, elle a commencé à espacer sérieusement. Et à 3 mois, transformation de la tétée: tout d'un coup, elle s'est mise à téter vigoureusement, avec efficacité, et notre relation d'allaitement s'est transformée.
Peut-être est-ce le principal enseignement à retenir en matière d'allaitement, et en général, en matière de soin d'un bébé : toutes les difficultés que vous allez rencontrer vont passer. Accrochez-vous.
J'ai appris, grâce à mes recherches sur Internet (comme quoi tout n'est pas à jeter) qu'il existe des "pics de croissance" - - -
Ceux-ci sont, en principe, à 3 semaines, 6 semaines, 9 semaines, 3 mois et 6 mois. En réalité, il s'agit de dates approximatives. Un pic se manifeste par un bébé qui passe soudain son temps au sein, alors que vous avez l'impression de ne plus avoir suffisamment de lait. Pas de panique ! C'est juste que ses besoins ont augmenté, et cette période de tétée intensive lui permet de réclamer une hausse de production de votre lait. Consacrez-vous à lui, allaitez-le autant qu'il réclame et ne lui donnez pas de complément alimentaire. Cela passe au bout de quelques jours.
Ceci est très important à retenir car de nombreuses mère jettent l'éponge pendant un pic de croissance, croyant (à tort) ne plus avoir de lait !!
Je me suis aussi aperçue que les professionnels de santé n'y connaissent généralement rien en allaitement (mais prétendent vous l'enseigner tout de même) - - -
Leurs remarques généralement culpabilisantes peuvent faire mal. Sur ce point, je suis contente d'avoir eu ma fille la trentaine bien sonnée, car j'étais devenue très peu influençable, et cela m'a évité pas mal d'erreurs.
Pour commencer, à la maternité, une sage-femme d'une grande finesse, en voyant que ma fille peinait à prendre le sein, a commenté que j'avais "le téton trop gros". Merci, voilà qui fait plaisir! Cela fait près de onze mois aujourd'hui qu'elle le tète avec appétit, et sans difficulté une fois les premiers jours passés.
Autre exemple, ma fille a mis du temps à reprendre son poids de naissance: ce n'était pas encore le cas à dix jours. A cet âge, son poids stagnait depuis la sortie de la maternité. En revanche, à quinze jours, lorsque j'ai vu le pédiatre, sa courbe avait enfin pris une forme ascendante. Cela ne l'a pas empêché de me prescrire du lait artificiel en complément. Or, celui-ci est vraiment à éviter en début d'allaitement, sous peine de le compromettre ! (la production de lait répond à la loi de l'offre et de la demande : si vous donnez des compléments à votre bébé, il tète moins et donc vous produisez moins). J'ai eu la chance d'être bien conseillée par ma soeur sur ce point (elle m'a dit de ne pas l'écouter), et je l'en remercie car je doute fort que je serais en train de poursuivre un allaitement long à onze mois dans le cas contraire...
Monsieur le pédiatre, ma fille a toujours suivi harmonieusement sa courbe depuis ses dix jours! Et j'ai appris par la suite que les bébés allaités mettaient généralement plus de temps que les autres à reprendre leur poids de naissance. Mais dans notre pays où l'allaitement n'est pas la norme, les médecins l'ignorent. C'est quand même fou...
Sachez également que les courbes figurant dans les carnets de santé français correspondent au poids pris par des bébés alimentés au biberon... Les bébés allaités mettent un peu plus de temps à reprendre leur poids de naissance, puis grossissent et grandissent plus vite que les autres, puis plus lentement (les bébés au biberon les rattrapent). Sachez aussi que les filles de devraient pas avoir les mêmes courbes que les garçons (elles sont plus petites et plus fines). Il faut utiliser les courbes de l'OMS, qui prennent pour référence les bébés allaités.
Je ne m'étendrais pas sur les menus extrêmement précis que ma pédiatre actuelle (que je respecte par ailleurs beaucoup) m'a donnés pour chaque âge, avec les poids des aliments, presque les heures des repas... Sachant que d'autres pédiatres donnent d'autres listes tout aussi précises... Elle était fâchée qu'à six mois, ma fille ne mange pas assez de solides... Mais d'autres pédiatres recommandent de ne pas commencer les solides avant six mois. Allez vous y retrouver !
Madame la pédiatre, ne vous en déplaise, je n'ai jamais suivi vos menus, et toujours suivi les signes que me donnait mon bébé me montrant qu'il avait faim et était prêt pour tel ou tel type d'aliment. Et ma fille pète la forme, elle est si tonique qu'elle fait l'admiration de tous...
Si vous voulez des infos fiables sur l'allaitement, votre Bible doit être la Leche League. Bien qu'il s'agisse de militantes pro-allaitement, elles se basent sur des études scientifiques en plus de l'expérience de milliers de mère.
Avec toutes ces difficultés, pourquoi allaiter ?
- Parce que vous êtes sûre que votre bébé reçoit tous les nutriments qu'il faut
- Parce que téter rassure votre bébé, lui permet de se sentir apaisé, comblé, en sécurité
- Parce que sentir son petit corps se blottir contre vous lors de la tétée, c'est un moment câlin qui vaut de l'or
- Parce que, peut-être, cela vous permet de construire une relation encore plus forte avec votre enfant
- Parce que c'est naturel et donc normal...